Un incendie domestique ou industriel laisse rarement les victimes indemnes. Au-delà du choc émotionnel et des dégâts matériels, s’ajoute souvent une autre épreuve : celle de l’indemnisation. Lorsque l’estimation des dommages par l’expert mandaté par l’assurance semble insuffisante ou inexacte, une solution existe : la contre-expertise. Encore méconnue, cette démarche permet de faire valoir ses droits, de réévaluer les pertes, et d’obtenir une indemnisation juste.
Dans cet article, nous vous guidons à travers toutes les étapes clés d’une contre-expertise après un incendie : du moment où la fumée se dissipe, jusqu’à la réparation de votre bien et la perception de votre indemnité.
Sommaire de l'article
Toggle1. L’après-incendie immédiat : les bons réflexes à adopter
Sécuriser les lieux
Avant toute chose, il faut attendre l’autorisation des pompiers ou de la gendarmerie pour retourner sur les lieux. Une fois cette autorisation obtenue :
- Ne touchez à rien avant le passage de l’expert
- Protégez le site contre toute aggravation : bâches, cadenas, signalisation
- Ne jetez aucun objet, même carbonisé
Informer votre assureur
Vous disposez de 5 jours ouvrés après le sinistre pour déclarer l’incendie à votre assurance. Cette déclaration doit être la plus précise possible :
- Date et heure du sinistre
- Circonstances connues
- Première estimation des pertes
- Photos des lieux
Envoyez cette déclaration par lettre recommandée avec accusé de réception. Gardez une copie.
2. L’expertise de l’assurance : premier constat, premières limites
Que fait l’expert mandaté ?
Dépêché par votre compagnie d’assurance, l’expert procède à :
- L’évaluation des causes du sinistre
- L’estimation des dommages
- L’identification des garanties applicables à votre contrat
Il dresse un rapport d’expertise, sur lequel se basera votre assureur pour formuler son offre d’indemnisation.
Pourquoi cette expertise peut être incomplète ?
Bien qu’encadrée, l’expertise de l’assureur peut comporter des biais :
- Sous-estimation des dommages indirects (odeurs, fumée, humidité)
- Oubli de certaines garanties
- Dévalorisation des biens perdus
Dès lors que vous avez un doute ou un désaccord, vous êtes en droit de refuser l’offre et de demander une contre-expertise.
3. La contre-expertise : votre droit, votre voix
Qu’est-ce qu’un expert d’assuré ?
L’expert d’assuré est un professionnel indépendant de votre compagnie d’assurance, que vous mandatez vous-même pour :
- Réaliser un nouveau constat des dommages
- Valoriser précisément vos pertes
- Négocier à vos côtés
Il est votre représentant technique dans la négociation avec l’assureur.
Quand faire appel à lui ?
- Si vous estimez que le montant proposé est insuffisant
- Si vous n’êtes pas d’accord avec les conclusions du premier rapport
- Si l’assureur refuse la prise en charge d’une partie des dommages
4. Les étapes clés de la contre-expertise
Étape 1 : Prise de contact avec l’expert d’assuré
Choisissez un expert spécialisé en incendie et en sinistres complexes. Assurez-vous qu’il connaît bien le type de bâtiment concerné (habitation, commerce, industrie). Un premier rendez-vous est planifié sur les lieux du sinistre.
Étape 2 : Analyse des documents
L’expert d’assuré vous demandera :
- Le rapport initial d’expertise
- Votre contrat d’assurance
- L’état des lieux ou des factures de vos biens
- Toute preuve de valeur (photos, devis, garanties)
Il construit un dossier technique et financier, preuve à l’appui.
Étape 3 : Visite technique des lieux
L’expert procède à une analyse détaillée des dommages :
- Détection des pertes invisibles (odeurs, humidité, circuits électriques touchés)
- Évaluation précise de chaque bien sinistré
- Prise en compte de la perte d’usage ou d’activité
Étape 4 : Rédaction d’un contre-rapport
Ce document, argumenté et chiffré, est soumis à l’assurance. Il sert de base à la négociation.
5. Expertise contradictoire : le bras de fer encadré
Si l’assureur ne valide pas le rapport de l’expert d’assuré, une expertise contradictoire est organisée. Les deux experts se rencontrent pour confronter leurs points de vue.
Objectif : Trouver un accord
- Si un accord est trouvé : l’assurance révise son indemnisation.
- Si le désaccord persiste : un tiers expert peut être désigné d’un commun accord.
6. Et si aucun accord n’est trouvé ?
Dans certains cas, le désaccord va jusqu’au bout. Vous avez alors deux options :
- Saisir le médiateur de l’assurance, une étape gratuite et amiable.
- Saisir le tribunal judiciaire, si l’indemnisation reste bloquée.
Un expert judiciaire pourra alors être nommé pour trancher.
7. Les bénéfices d’une contre-expertise bien menée
Une indemnité mieux ajustée
Selon les retours du terrain, une contre-expertise permet d’augmenter en moyenne de 30 à 50 % le montant indemnisé.
Un stress allégé
L’expert d’assuré prend en charge toute la technicité et la négociation.
Une meilleure reconstruction
Vous avez les fonds nécessaires pour réparer, reconstruire ou remplacer ce qui a été perdu, dans de bonnes conditions.
8. Combien coûte une contre-expertise ?
Le coût varie selon :
- La taille du sinistre
- La complexité du dossier
- Le pourcentage d’honoraires (souvent autour de 5 à 10 % du gain final)
Bon à savoir : certaines garanties d’assurance prennent en charge tout ou partie de ce coût, via la garantie « honoraires d’expert ».
FAQ : Vos questions les plus fréquentes
1. Puis-je refuser l’expertise de mon assurance ?
Oui, vous êtes libre de ne pas accepter les conclusions de l’expert de l’assurance et de demander une contre-expertise.
2. Quel est le bon moment pour engager un expert d’assuré ?
Dès que vous constatez un désaccord ou une évaluation insuffisante. Plus tôt il intervient, mieux il peut défendre vos intérêts.
3. L’assurance est-elle obligée d’accepter le rapport de mon expert ?
Non, mais elle doit l’examiner. En cas de désaccord, une expertise contradictoire peut être organisée.
4. Combien de temps dure une contre-expertise ?
Entre 2 et 6 semaines en moyenne, selon la complexité du sinistre et les disponibilités des experts.
5. Est-ce utile même pour un petit sinistre ?
Oui, dès que vous sentez que l’évaluation est injuste, quel que soit le montant.
Ce qu’on peut retenir
- Après un incendie, l’indemnisation dépend fortement du rapport d’expertise.
- Le rapport de l’assureur peut être contesté via une contre-expertise.
- Mandater un expert d’assuré permet de défendre vos intérêts techniques et financiers.
- La procédure peut aller jusqu’à l’expertise contradictoire, voire le tribunal.
- Une contre-expertise bien menée vous garantit une réparation et une indemnité conformes à la réalité de vos pertes.