Après un sinistre – dégât des eaux, incendie, vol, catastrophe naturelle – l’un des moments les plus critiques arrive : le passage de l’expert mandaté par votre assurance. C’est sur son rapport que va reposer le montant de votre indemnisation. Et parfois, ce rapport ne reflète pas fidèlement les dommages subis. Résultat : vous recevez une offre largement en deçà des frais réels de réparation.
Une erreur ? Une minimisation volontaire ? Quelles que soient les raisons, il est impératif d’agir rapidement et efficacement pour contester ce rapport. Voici les étapes clés pour reprendre le contrôle de votre dossier.
Sommaire de l'article
Toggle1. Identifier les signes d’une indemnisation sous-évaluée
Des indices qui ne trompent pas
- L’expert n’a pas visité toutes les zones sinistrées
- Le rapport ne mentionne pas certains dommages
- L’indemnisation proposée ne couvre qu’une partie des devis
- L’assurance évoque la vétusté sans justification claire
Témoignage
« L’expert a passé dix minutes chez moi et n’a même pas vérifié le plancher du salon. Résultat : 3 500 € proposés alors que le devis dépasse 8 000 € » – Sophie, sinistrée à Bordeaux.
2. Relire attentivement le rapport d’expertise
Ce qu’il doit contenir
- Une description détaillée des causes du sinistre
- L’inventaire des dommages constatés
- L’évaluation financière des pertes
- Les exclusions ou réserves
Ce qu’il faut repérer
- Oublis ou erreurs
- Absence de justificatifs pour les montants avancés
- Mauvaise interprétation des causes (ex : défaut d’entretien vs. catastrophe naturelle)
- Évaluation floue ou approximative des biens ou des travaux
3. Rassembler des éléments pour appuyer votre contestation
Constituer un dossier solide
Plus vous apportez de preuves, plus votre contestation a de chances d’aboutir :
- Photos avant/après du sinistre
- Factures et devis détaillés
- Rapports de professionnels : plombier, couvreur, diagnostiqueur
- Témoignages de voisins, artisans, etc.
Conseil
Classez vos documents par catégorie (dommages visibles, dégâts structurels, pertes de biens, etc.) et chronologiquement.
4. Contacter son assureur pour faire part de son désaccord
Comment procéder
- Rédiger une lettre recommandée avec accusé de réception
- Y exposer clairement les points de désaccord
- Joindre tous les justificatifs
- Proposer un rendez-vous pour réévaluer les dommages
Modèle d’accroche
« Suite à votre rapport d’expertise du [date], je conteste l’évaluation des dommages pour les raisons suivantes : […]. Vous trouverez ci-joint les documents prouvant […]. Je sollicite une nouvelle expertise ou une expertise contradictoire. »
5. Faire appel à un expert d’assuré
Un allié indépendant
L’expert d’assuré n’est pas mandaté par l’assurance, mais par vous. Il agit dans votre intérêt pour :
- Réaliser une contre-expertise complète
- Proposer un chiffrage réaliste des dommages
- Négocier directement avec l’expert de l’assurance
Coût
Comptez entre 800 et 3 000 €, parfois pris en charge partiellement si votre contrat prévoit la garantie « honoraires d’expert ».
Témoignage
« Grâce à mon expert d’assuré, mon indemnité a été revue à la hausse de 70 %. Sans lui, j’aurais dû faire un crédit pour réparer ma toiture. » – Mehdi, sinistré à Lyon.
6. Organiser une expertise contradictoire
Le principe
Vous, l’assurance, et éventuellement un troisième expert neutre, examinez les dommages ensemble pour aboutir à un accord commun.
Étapes
- L’expert d’assuré remet son rapport à l’assureur
- Un rendez-vous contradictoire est fixé
- Un nouveau rapport finalisé est rédigé
7. Envisager les recours juridiques si nécessaire
Si aucun accord n’est trouvé
Vous pouvez :
- Saisir le médiateur des assurances
- Lancer une procédure devant le tribunal judiciaire
Le rôle du médiateur
- Gratuit
- Délais de réponse : 3 à 6 mois
- Son avis n’est pas contraignant, mais souvent suivi
La voie judiciaire
- Possible à partir de 5 000 € de litige
- Nécessite souvent un avocat spécialisé
- Le juge peut désigner un expert judiciaire
8. Anticiper les futures expertises
Les bonnes pratiques
- Être présent lors de la visite de l’expert
- Documenter l’intégralité des dommages
- Ne rien signer immédiatement
- Prendre des notes et photographier l’expert pendant sa visite (avec son accord)
Conseil de pro
« Un expert qui ne monte pas sur le toit ou n’inspecte pas le plancher n’a pas fait son travail. Prenez des photos de sa visite pour preuve en cas de litige. » – Fabrice D., expert indépendant.
FAQ – Tout savoir sur la contestation d’un rapport d’expert
1. Peut-on contester un rapport même après avoir signé l’offre ?
Non, si vous avez signé un accord définitif, il est trop tard. D’où l’importance de ne rien accepter sans vérification.
2. L’assurance peut-elle refuser une contre-expertise ?
Elle peut la contester, mais pas l’empêcher. Vous êtes libre de faire appel à un expert d’assuré.
3. Est-ce que la vétusté peut être discutée ?
Oui. L’assurance applique parfois des taux forfaitaires injustifiés. Un expert indépendant peut les corriger.
4. Combien de temps dure une procédure de contestation ?
Entre 2 semaines (contre-expertise) et plusieurs mois (médiation ou judiciaire).
5. Peut-on se faire rembourser les honoraires de l’expert d’assuré ?
Oui, si votre contrat inclut une garantie dédiée, ou si vous obtenez gain de cause en justice.
Ce qu’on peut retenir
- Une indemnisation sous-évaluée n’est pas une fatalité : elle peut être corrigée.
- Le rapport d’expert de l’assurance est contestable si vous constatez des erreurs ou oublis.
- Rassemblez un dossier solide (photos, factures, devis, témoignages).
- Faire appel à un expert d’assuré est souvent déterminant.
- En cas de blocage, n’hésitez pas à utiliser les recours juridiques à votre disposition.